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hétérogène[1], qui ne put jamais s’unir ni se défendre, pouvait former un peuple, subsister par lui-même, le général français la tranchait contre sa patrie. Question trop claire et, de longue date, résolue par l’expérience. Si ce pays n’est France, c’est la porte pour entrer en France, la porte que l’ennemi tient ouverte, et le chemin de ses armées.

Les Belges s’aperçurent bien vite que cet ambitieux, sans nulle racine ici, ennemi de la Révolution, cherchait un point d’appui chez eux, qu’il avait besoin d’eux. Du premier coup, pour subsister, au lieu de demander des secours et des vivres à la reconnaissance du pays affranchi, il s’adresse aux capitalistes belges, aux fournisseurs belges, demande un emprunt au clergé belge. Par cet emprunt, il tranchait encore avec un audacieux machiavélisme la question capitale de la Révolution. Elle ne pouvait s’établir en Belgique qu’en se conciliant le peuple par des suppressions d’impôts. Mais ces suppressions, elles étaient dérisoires, impossibles, si on ne les rendait possibles

  1. La Belgique est une invention anglaise. Il n’y a jamais eu de Belgique et il n’y en aura jamais. Il y a eu et il y aura toujours des Pays-Bas. Et ces pays resteront toujours au pluriel. En vain on a créé un peuple de fonctionnaires, pour crier de minute en minute : Notre nationalité ! — L’Alsace, une petite bande de terre, est devenue grande, héroïque, moralement féconde, depuis qu’elle est unie à la France. La France lui a fait large part, et plus large part qu’à ses premiers enfants. La Belgique, incomparablement plus grande et plus importante, est et sera stérile tant qu’elle ne sera pas avec nous.

    Je ne suis pas suspect. J’aime ces pays, d’amour ; la cordialité de ce peuple va à mon cœur. J’y ai été dix fois et veux toujours y retourner. Ma mère était de la Meuse, de l’extrême frontière. J’ai consacré à leur histoire bien des années de ma vie.