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de beaucoup les plus faibles. Aux deux bouts du pays, à Liège et à Ostende, ils étaient tout le peuple ; dans toute province maritime, ils étaient en majorité. Mais, dans l’intérieur du pays, dans le Brabant surtout, ils n’étaient qu’une minorité très faible.

Nos Français entraient avec l’idée que les Belges, qui avaient déjà fait une révolution contre l’Autriche, étaient tous pour la liberté. Ils furent bien étonnés de tomber en plein Moyen-âge, de retrouver les moines, les capucins et autres telles espèces déjà presque oubliées en France, de voir les vieilles confréries sous leurs drapeaux gothiques, les vieilles bourgeoisies, ignorantes, bornées, ne connaissant que le clocher, encroûtées dans leurs préjugés et leurs habitudes, dans leurs estaminets, leur bière et leur sommeil ; une seule force dans tout le pays, un clergé ignorant et grossier, et néanmoins très intrigant. Ce clergé, dirigé en 1790 par son Van Eupen, employant assez adroitement un Van der Noot, bavard de carrefour, avait armé le peuple contre Joseph II, qui menaçait de supprimer les moines aux Pays-Bas, comme il faisait chez lui. Joseph s’était montré meilleur Belge que tous ses prédécesseurs ; il s’efforçait d’ouvrir l’Escaut. L’Europe entière fut contre lui. Il se rabattit alors d’Anvers sur Ostende, dont il voulait faire un grand port. Les provinces intérieures, le Brabant, Malines et Bruxelles, ne lui surent nul gré de cela. Ses essais de centralisation leur furent insupportables ;