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aux félicitations d’une société anglaise : « Estimables républicains, la royauté se meurt sur les décombres féodaux ; un feu dévorant va les faire disparaître ; ce feu, c’est la Déclaration des droits de l’homme ! »

Ce mot : les Droits de l’homme, faisait évanouir la vieille Angleterre, avec ses belles fictions, les fameux romans des Blackstone, le vieux masque. Et la vieille restait devant l’Europe, sous sa face : l’aristocratie.

Un seul homme, Sieyès, avait compris ceci, l’avait dit en 1789 : « Nulle ressemblance entre la France et l’Angleterre ; rien à attendre d’elle. »

On ne tint aucun compte de ces mots du profond penseur, ni de ses développements admirables. La France fit à sa sœur aînée en liberté les plus tendres avances, imprudentes, insensées. Des journalistes, à moitié fous, allaient jusqu’à vouloir faire roi de France un Anglais ! le duc d’York ! d’autres, un demi-Anglais, le duc de Brunswick ! La sage et politique Madame de Staël aurait, dit-on, penché pour celui-ci. Le ministère Staël-Narbonne avait envoyé près de Pitt un homme sûr, Talleyrand, qui, tout d’abord, mena trois intrigues de front ; outre la négociation patente, il en fit une souterraine, révolutionnaire, avec les Whigs anglais ; et en même temps, pour garder une porte de derrière, il espionnait pour Louis XVI.

Talleyrand admis près de Pitt, le renard près du dogue, pour ses gracieux tours de flatteries, n’en avait rien tiré, ni l’alliance défensive qu’il demanda