devinrent fous, le jour où, pour faire la fortune des Hollandais et des Anglais, ils firent cet outrage à la nature de fermer les plus belles contrées, de boucher le grand fleuve qui regarde la Tamise en face. Boucher l’Escaut ! c’était crever l’œil de l’Europe, s’interdire de voir sur les mers le despotisme impie de Londres, le monopole du plus libre élément que Dieu mit en commun, qu’il fît pour l’usage de tous.
Les paniques anglaises ont un caractère particulier, qu’il est amusant d’observer. Justement parce que ce pays est si bien clos et fermé de l’Océan, justement parce qu’il a la sécurité habituelle que donne un tel rempart, il est, plus qu’aucun autre, troublé de l’idée d’invasion. Cette nation naturellement brave, mais peu aguerrie, peu exercée aux armes, devient, au moindre péril, étonnamment troublée.
On put se donner ce spectacle, en 1792, quand la France déborda de toutes parts, planta sur tant de villes le drapeau de la liberté, sans se douter le moins du monde qu’il fît peur aux Anglais, et sans songer, grand Dieu ! à faire le moindre mal à la chère sœur aînée.
La peur était moins vaine en 1805. Cependant, à voir la mer cachée sous les flottes anglaises, à voir de tous côtés les Nelson et les Collingwood aller, venir, suer, couvrir la tremblante Angleterre de leurs vaisseaux et de leurs corps, il semble que vraiment elle aurait pu se rassurer.
Une autre panique, mais pour un danger intérieur, s’est vue en 1842, lorsque la pétition chartiste de