Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/424

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un de ses subordonnés, le général belge Beaulieu, lui conseillait de ne pas l’accepter, cette bataille, mais de la donner lui-même, de marcher la nuit aux Français, de tomber sur eux, d’écraser ou disperser cette cohue de soldats novices. Les vingt-huit mille vieux soldats qu’il avait, suffisaient, et au delà, pour cette attaque audacieuse ; l’avantage, en de telles surprises, est pour les troupes disciplinées, aguerries, qui gardent tout leur sang-froid. Le duc hésita à tenter ce coup, qui convenait mieux à un chef de partisans. Prince d’Empire, lieutenant de l’Empereur, gouverneur des Pays-Bas, roi lui-même en réalité, il ne pouvait se compromettre dans une attaque hasardeuse ; il lui allait mieux d’attendre l’armée française dans la majesté de la position dominante de Jemmapes, de l’y voir s’y heurter en vain, de l’écraser à ses pieds.

Notre armée se trouva le soir du 5 novembre à portée d’admirer cette œuvre de l’art et de la nature. La position est non seulement forte et formidable, mais imposante, solennelle ; elle parle à l’imagination, et quand on ne saurait pas que ce lieu s’appelle Jemmapes, on s’y arrêterait de soi-même. C’est une ligne de coteaux en avant de Mons, un amphithéâtre qui s’abaisse aux deux bouts sur deux villages, Cuesmes à droite, à gauche Jemmapes (pour le spectateur d’en bas). Jemmapes monte à la montagne et en couvre un flanc. Cuesmes aide moins à la défense ; on y suppléa par plusieurs rangs de redoutes étagées l’une sur l’autre,