au-dessus de lui-même, héroïque sans effort, ne rencontre rien d’impossible. À regarder cette armée, on pouvait dire d’avance : « Les Pays-Bas sont conquis. » Dumouriez en jugeait ainsi. Il écrivait à la Convention : « Je serai le 15 à Bruxelles et le 30 à Liège. » Il se trompa, car il fut à Bruxelles le 14, à Liège le 28.
Cette jeune armée eut d’abord à supporter une épreuve que les vieilles armées les plus aguerries ne supportent pas toujours. Elle débuta par un revers. Nos réfugiés belges n’arrivèrent pas plutôt à la frontière qu’impatients de reprendre possession de la terre natale, sans rien attendre, ils attaquèrent. Ne pouvant les retenir, on leur donna des hussards pour les appuyer. Ils s’emparèrent d’un avant-poste ; puis, par un emportement de jeunesse et de bravoure, ils se jettent des hauteurs en plaine, et la cavalerie impériale y vient les envelopper. Ils périssaient sans nos hussards. Beurnonville était d’avis de se replier, de raffermir nos soldats. Dumouriez jugea bien mieux qu’il fallait à tout prix garder l’offensive, avancer. Les Impériaux, malgré leurs avantages, reculaient et cédaient même une très bonne position. Ils voulaient nous attirer jusqu’à celle de Jemmapes qu’ils jugeaient inexpugnable, par la force naturelle et par les travaux d’art qu’ils y avaient ajoutés. C’était l’avis de l’Autrichien Clairfayt, et il entraîna le général en chef, le duc de Saxe-Teschen, qui, depuis sa honteuse affaire de Lille, eût bien voulu se laver par une belle bataille.