Pache, qui changea à l’instant tous les employés, désorganisa les services.
La guerre était absurde encore parce que les généraux de la République étaient royalistes. Dumouriez, Dillon, Custine, l’étaient et ne s’en cachaient pas trop. On a vu comment Dumouriez, paraissant à la barre de la Convention, éluda le serment de fidélité à la République. Employé cinquante ans sous la monarchie, et dans tels ou tels emplois équivoques, il ne pouvait pas ne pas avoir le tempérament royaliste ; il aimait le plaisir, l’argent, il lui fallait les abus de l’ancien gouvernement, sa facilité, un bon maître. Il dit partout dans ses Mémoires que le fruit qu’il attendait de ses victoires républicaines, c’était le rétablissement du roi. À tout hasard, au cas que le roi fût impossible à relever, il s’en préparait un autre, le jeune duc de Chartres.
Des généraux royalistes, agissant au nom de la République, devaient, par le seul effet de cette duplicité, avoir dans les mouvements quelque chose de gauche et de faux. Ils avaient besoin de l’enthousiasme républicain, et ils craignaient de l’exciter ; il leur arrivait à chaque instant, si la flamme voulait monter, d’y jeter la glace. Quand, par exemple, les républicains allemands, enivrés de l’idée nouvelle, consultaient Custine et lui demandaient ce que deviendrait la France, il répondait : « Monarchie. — Et qui régnera ? — Le dauphin. »
Les sentiments de Dumouriez se trahissaient visiblement dans les rôles qu’il distribuait aux généraux