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une pièce de quatre, dont deux boulets persuadèrent aux Suisses de quitter la cour. Ils rentrèrent au vestibule, en bon ordre, et, de temps à autre, ils en sortaient par pelotons pour tirer encore.

Au moment où les fédérés passèrent du Carrousel dans la cour, les baraques alignées parallèlement au château firent feu sur eux par derrière, ne doutant pas d’obtenir le même succès qu’elles avaient eu une heure plus tôt. Mais, dès la première décharge, les Marseillais se jetèrent avec furie sur les ouvertures des baraques, et, ne pouvant les forcer, ils y lancèrent des gargousses d’artillerie dont l’explosion fît sauter les toits, renversa les murs, incendia tout. Le feu courut en un clin d’œil d’un bout à l’autre, enveloppa toute la ligne, et tout disparut dans des tourbillons de flamme et de fumée, scène effroyable dont les assaillants eux-mêmes détournèrent les yeux avec horreur.

Est-ce alors, ou beaucoup plus tôt, qu’un capitaine suisse, Turler, vint demander au roi s’il fallait déposer les armes ? Grave question historique qui, résolue dans un sens ou dans l’autre, doit modifier nos idées sur le caractère de Louis XVI.

Selon une tradition royaliste, les Suisses, un moment vainqueurs, allaient marcher sur l’Assemblée, un député les arrêta, les somma de poser les armes, et le capitaine, s’adressant au roi, n’en tira nulle réponse, sinon qu’il fallait les rendre à la garde nationale.

Selon une version plus sûre, puisqu’elle est cons-