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ville de Paris, dirent qu’on la calomniait, qu’elle n’avait aucun besoin qu’on appelât des soldats. Mais ils ne repoussaient nullement les fédérés des départements : « Qu’ils viennent, non pas six, sept, huit, vingt-quatre mille, mais qu’un million de Français accourent dans ces murs… Nos bras sont ouverts pour les recevoir. Ils trouveront les mêmes foyers qu’ils visitèrent à l’époque de la Fédération. »

Les hommes du faubourg Saint-Antoine, faisant ainsi cette noble profession de fraternité, se demandaient hardiment comment la Convention elle-même n’en donnait pas l’exemple : « C’est avec douleur que nous voyons des hommes, faits pour se chérir et s’estimer, se haïr et se craindre autant et plus qu’ils ne détestent les tyrans… Eh ! n’êtes-vous pas, comme nous, les zélateurs de la République, les fléaux des rois et les amis de la justice ? N’avez-vous pas les mêmes devoirs à remplir, autant de périls à éviter, les mêmes ennemis à combattre et vingt-cinq millions d’hommes à rendre heureux ?… Ah ! croyez-en des citoyens étrangers à l’intrigue. On s’attribue mutuellement des torts imaginaires ; si des êtres aguerris aux cabales sont à la tête des partis, la masse est bonne et trompée. Soyez persuadés que les hommes ne sont pas aussi méchants qu’on le croit. Qu’on impose silence à l’amour-propre, et il ne faudra qu’un moment pour éteindre le flambeau des divisions intestines… Les opinions différentes engendrent facilement des soupçons, et il n’est pas de soupçon que la prévention et la jalousie ne