la main, c’était la main sans le cœur, l’inerte et froide main des morts.
Après le départ de Dumouriez, Danton saisit, dans la Convention même, deux occasions raisonnables de voter avec la Gironde, de montrer qu’il n’avait pour elle ni colère ni haine, aucun envenimement.
Le 23 octobre, dans la discussion sur les lois à faire contre les émigrés, il se rangea à l’avis de Buzot, qui avait dit : « L’émigration par elle-même ne mérite pas la mort. Bannissons les émigrés à perpétuité, et qu’ils soient punis de mort s’ils remettent le pied en France. » Danton dit qu’en effet le bannissement suffisait.
Mais l’occasion la plus remarquable où il se trouva d’accord avec la Gironde fut celle du 16 octobre. Un représentant avait fait la proposition malencontreuse de soumettre à la sanction du peuple l’abolition de la royauté et l’établissement de la République. Buzot réfuta avec force cette proposition, et Danton appuya Buzot par ces grandes et fortes paroles : « La République est déjà sanctionnée par le peuple, par l’armée, par le génie de la liberté, qui réprouve tous les rois. Si donc il n’est pas permis de mettre en doute que la France veut être et sera éternellement République, ne nous occupons plus que de faire une constitution qui soit la conséquence de ce principe ; et quand vous l’aurez décrétée, quand, par la solennité de vos discussions, vous aurez, pour ainsi dire, décrété l’opinion publique, vous aurez