de la guerre, Servan, voulait, même après Valmy, qu’on se retirât vers Châlons, plan absolument contraire à celui qui réussit.
Quoi qu’il en soit, Madame Roland prit pour prétexte les femmes. Elle vit, dit-elle, « deux femmes de mauvaise tournure ». Et sans examiner si, malgré cette tournure, elles n’étaient point respectables, elle referma la loge sans entrer, et se retira.
Vergniaud ne partageait pas l’aigreur des Girondins pour Danton. Celle qu’il aimait et qu’il inspirait, la belle et bonne Mlle Candeille, fit une tentative touchante pour rapprocher les partis. L’occasion fut une fête qu’elle donna à Dumouriez. Danton et Vergniaud s’y trouvaient. Les artistes et les gens de lettres, mêlés aux hommes politiques de toute nuance, aidaient à les concilier, à leur faire oublier leurs haines, à les replacer un moment hors des factions sur le terrain de la paix, des sentiments affectueux et doux. C’était la France civilisée, en quelque sorte, qui, la veille de la Terreur, demandait grâce à la France politique, grâce pour celle-ci même qui allait s’exterminer. La plupart de ceux qui étaient là avaient bien peu encore à vivre, Vergniaud un an, Danton dix-huit mois à peine ; et le héros de la fête, Dumouriez, bien plus malheureux, allait (tombé tout à l’heure de la gloire dans l’infamie) perdre à jamais la France qu’il avait sauvée, rester spectateur lointain de nos plus glorieuses victoires et traîner trente ans d’exil.
Un voile heureux leur couvrait à tous leur destin.