raient ; Madame Roland, si elle fût entrée dans la loge, se fut liée malgré elle, et elle eût été touchée. Au reste, que les Roland prissent bien ou mal la chose, elle pouvait avoir politiquement d’admirables résultats. Tous les journaux allaient dire qu’on avait vu, réunies dans une loge de six pieds carrés, la Montagne et la Gironde, qu’il n’y avait plus de partis, que toute discorde expirait. Cette seule apparence d’union aurait mieux servi la France que le gain d’une bataille.
Madame Roland vint, en effet, et elle fut indisposée tout d’abord ; on la retint à la porte, lui disant que la loge était occupée ; elle se la fit ouvrir et vit Danton à la place qu’elle eût prise, près du héros de la fête. Elle aimait peu Dumouriez, mais elle ne voulait pas moins, tout porte à le croire, le favoriser ce soir-là de son gracieux voisinage, le couronner de cette marque solennelle d’une sympathie austère ; elle se croyait digne de le remercier ainsi tacitement au nom de la France.
Elle avait pris pour venir le bras de Vergniaud, voulant siéger entre le grand orateur et le général, apparaissant comme alliance du génie et de la victoire et prenant hardiment sa part dans celle-ci pour le parti girondin.
Danton dérangea tout cela. Madame Roland ne se soucia pas de l’avoir près d’elle, entre elle et Dumouriez. En quoi elle fut injuste. Après Dumouriez, Danton était l’homme qui avait le plus contribué au succès. La Gironde y avait fait peu. Son ministre