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celui qui avait si énergiquement aidé, assuré son succès, le séparer de Danton ? Elle devait non pas amnistier, mais fêter non moins celui-ci.

Les deux hommes vraiment supérieurs, Danton, Dumouriez, comprenaient parfaitement que le salut de la France ne tenait pas seulement à une guerre heureuse au dehors, mais à la cessation des guerres intérieures, à la réconciliation de Danton et de la Gironde. Ils n’épargnèrent rien pour atteindre ce grand résultat. Danton connaissait très bien le caractère difficile des Girondins, leur amour-propre inquiet, la sévérité chagrine de Roland, la susceptibilité de Madame Roland, le vertueux et délicat orgueil qu’elle plaçait sur son mari, ne pardonnant pas à Danton le mot brutal qu’il avait dit pour rendre Roland ridicule. Danton, dans sa bonhomie audacieuse, voulut, sans négociation ni explication, briser tout d’abord la glace. Menant Dumouriez au théâtre, il entra non dans la même loge, mais dans celle d’à côté, d’où il parlait au général. Cette loge était celle même du ministre de l’intérieur, de Roland. Danton, comme ancien collègue, s’y établit familièrement avec deux femmes, très probablement sa mère et sa femme (qu’il aimait de passion). Si nous ne nous trompons dans cette conjecture, une telle démarche, faite en famille, était un gage de paix. On savait que personne n’avait été plus cruellement atteint que Mme  Danton dans les fatales journées de septembre ; elle devint malade et mourut bientôt.

Il y avait à parier que les dames se rapproche-