rable à côté de la Patrie, de monter sur l’autel ?… C’eût été à coups de fouet qu’on eût fait descendre un tel dieu.
Le danger contraire était plus à craindre. Avec l’universelle défiance qui régnait, ces continuelles paniques, ces cris de trahison lancés au hasard, on pouvait ôter toute force morale à l’homme qu’on employait, l’envoyer impuissant, désarmé, devant l’ennemi. Danton avait eu déjà bien de la peine à le soutenir. Par deux fois, Dumouriez, sans lui, périssait dans l’opinion ; d’abord quand il fut tourné aux fameuses Thermopyles dont il s’était dit le Léonidas, puis quand il négocia la retraite des Prussiens, causant, mangeant avec eux, envoyant des présents de café au roi de Prusse. Danton le couvrit dans ces deux moments ; toute la presse le ménagea, sauf Marat, qui, aboyant toujours avec ou sans cause, faisait moins d’impression.
Dès que Dumouriez fut ici, Danton ne le quitta plus, il le mena, l’entoura, l’enveloppa, se montra partout avec lui, aux Jacobins, aux théâtres, dans les fêtes de reconnaissance et d’amitié qu’on donna au général. Ces fêtes, la joie de tous pour la délivrance commune, les conquêtes inespérées de la Révolution à Nice, en Savoie, sur le Rhin, l’élan national pour l’invasion de la Belgique, l’attente émue de la victoire, semblaient transporter les cœurs dans la région supérieure où expirent les haines. C’était le moment ou jamais de se rapprocher. La Gironde fêtait Dumouriez, mais pouvait-elle le séparer de