Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/391

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Coblentz. Qui l’empêchait de prendre cette importante forteresse ? Le retour du roi de Prusse eût été fort compromis.

Ce prince, fort en colère et ne pouvant faire tomber sa colère sur l’ennemi, la tourna vers ses amis. Il tomba sur les émigrés, leur dit les choses les plus dures ; il fit plus, il ne stipula rien en leur faveur, pas même pour couvrir leur retraite ; il se contenta de traiter pour lui, les abandonna. Ils eurent bien de la peine à se tirer d’affaire, firent des pertes graves, suivant, comme ils pouvaient, les flancs de la grande armée prussienne, qui ne les protégeait plus.

Le roi de Prusse s’inquiéta encore moins des Autrichiens. Brunswick le fit entendre assez. Dans une entrevue avec Kellermann, où celui-ci le priait de s’expliquer sur les conditions mutuelles de l’arrangement : « Rien de plus simple, dit Brunswick, nous nous en retournerons chacun chez nous, comme les gens de la noce. — D’accord, répliqua le Français ; mais les frais, qui les payera ? En vérité, l’empereur, qui a attaqué le premier, nous doit bien les Pays-Bas pour indemniser la France ? » — À quoi Brunswick répondit froidement : « Qu’on n’avait qu’à envoyer des plénipotentiaires ; que les Prussiens voulaient la paix, et qu’en attendant ils se tiendraient à Luxembourg ou peut-être aux Pays-Bas. » Il faisait très bien entendre qu’il ne les défendrait point.

Le roi, laissant là ses amis, ne s’inquiéta que du roi, du seul Louis XVI, et encore de sa personne seule-