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conseil des ministres, ostensible et fière : La République ne traite point tant que l’ennemi n’a pas évacué le territoire. — L’autre était du seul Danton ; il interprétait la première, ne repoussait nullement l’idée de négociation et avertissait Dumouriez que trois commissaires de la Convention, Prieur de la Marne (un Jacobin), Carra, Sillery (deux Girondins), partaient pour s’entendre avec lui sur la convention préalable qu’on pourrait conclure.

On put craindre que ce message pacifique ne servît à rien. La nouvelle de l’abolition de la royauté avait fait retomber le roi de Prusse dans le plus sombre accès d’humeur noire et de colère. Il voulait combattre, et, malgré Brunswick, il en donna l’ordre pour le 29 septembre. Brunswick le dit aux émigrés, qui sautèrent de joie. Le 28, pour soulager un peu la passion du roi, il lança un manifeste plein d’injures et de menaces. Dumouriez rompit l’armistice, exprimant pourtant le regret de ne pouvoir user de l’autorisation qu’il recevait de traiter… Le 29, la colère du roi, évaporée en paroles, éprouva moins le besoin des actes. Pour bataille, il y eut un conseil, et Brunswick produisit les lettres de l’Angleterre et de la Hollande, qui refusaient d’entrer dans la coalition et de se joindre à la Prusse. Ce qui n’influait guère moins, c’est qu’un lieutenant de Dumouriez avait révélé, très confidentiellement, à l’un des généraux prussiens, que Custine marchait sur le Rhin. Il allait trouver toute la frontière de Prusse dégarnie ; il n’aurait pas rencontré un soldat entre Mayence et