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à qui il se fit conduire, lui dit que, si c’était le salut de Louis XVI qui intéressait le roi, il ferait sagement de se retirer ; il ne pouvait avancer sans faire massacrer Louis XVI. Pour mieux convaincre les Prussiens, il leur envoya, avec Lombard, l’homme de Danton, Westermann, qui devait traiter directement avec l’émigré, le Franco-Prussien Heymann, sous prétexte de conclure un échange de prisonniers.

Brunswick apprit dans ces pourparlers que l’Assemblée législative s’était violemment déclarée, dès le 4 septembre, contre toute idée d’un roi étranger ; qu’un député ayant dit qu’on voulait faire roi Brunswick ou le duc d’York, l’Assemblée avait juré qu’il n’y aurait plus de roi ; que les Jacobins, pour perdre Brissot, lui reprochaient, comme un crime digne de mort, d’appeler Brunswick. Celui-ci fut bien étonné. Il n’y avait pas six mois que quelques-uns de nos Feuillants avaient eu l’idée bizarre de lui donner la royauté. Il avait sagement refusé. Toutefois il conservait de l’étrange proposition un regret, un rêve. Ce prince, comme tant d’Allemands, était client de l’Angleterre autant que de la Prusse ; il avait épousé une sœur de la reine d’Angleterre ; il était Anglo-Allemand. L’Angleterre aurait eu grandement intérêt à favoriser la candidature de son protégé. Une des raisons les plus fortes qu’avait celui-ci de ne point se battre, c’est qu’il attendait la réponse que ferait l’Angleterre à la Prusse ; il voulait avoir avant tout le mot d’ordre des Anglais : si ceux-ci