au médecin, ce fut d’aller dire à son ami, à son malade, La Rouërie, que Danton était royaliste ; que, las des excès de la populace, il voulait le rétablissement de l’Ancien-Régime ; que lui, Latouche, avait reçu de Danton l’autorisation d’éloigner les troupes de la Bretagne. Et, en effet, dans l’attente de l’invasion prussienne, on les faisait filer vers l’Est. La Rouërie y fut trompé, il crut Latouche, attendit, et un matin il reçut le coup de foudre de Valmy. Plus d’espoir, la grande armée prussienne était en pleine retraite. Désolé, découragé, il voulait tout laisser là et passer en Angleterre. Un conseil secret des chefs de l’association fut tenu dans un château de Bretagne. L’un des chefs était une de ces belles amazones, intrépides et romanesques, qui ont fait le charme fatal de la guerre civile, qui, d’aventure en aventure, se donnant pour prix aux plus fous, allaient enflammant la flamme, mais qui, en revanche, par leur étourderie, ont souvent à leur insu bien servi la République. Celle-ci, Thérèse de Moelen, fit honte à La Rouërie de son découragement, le décida à persister ; il fut réglé, d’après ses sages conseils, qu’il n’irait point en Angleterre, mais qu’on chargerait d’y aller justement cet homme suspect, ce Latouche, qui arrivait de Paris et qui s’avouait l’ami de Danton. La conspiration royaliste prit pour son agent auprès de Calonne, auprès des Anglais, l’agent de la République, et par lui la bonne fortune de la France mit entre les mains de Danton tous les projets des princes, les indications
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