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mais que faire ? La légalité les arrête. Comment sur un on dit arrêter tant de personnes ? Ils ne peuvent rien et ne feront rien.

Danton, sans se décourager, va retrouver le médecin, lui montre, lui prouve qu’il a dans les mains le salut de la patrie, qu’il doit creuser le complot, le mieux connaître, obtenir des preuves. Pour cela, que faire ? Aller en Bretagne, retrouver La Rouërie qui le croit son ami, qui a confiance en lui, tirer ces preuves de lui, le trahir, le perdre… et, le perdant, sauver la France !

Ceci après le 10 août. On attendait l’invasion prussienne et l’on pensait qu’en même temps une flotte anglaise, amenant à Saint-Malo les émigrés de Jersey, donnerait aux associés bretons de La Rouërie une force morale incalculable. Ceux-ci se croyaient si sûrs de leur affaire qu’ils avaient fixé le jour où ils entreraient dans Paris, en même temps que les Prussiens. Les Bretons, c’était leur compte, entraient par les Champs-Élysées, les Prussiens par les portes Saint-Martin et Saint-Denis.

Quels arguments Danton employa-t-il près du médecin ? L’argent ? L’éloquence ? Probablement l’un et l’autre. Danton était alors ministre de la justice. Il parla de l’affaire aux autres ministres ; mais bientôt, voyant leur lenteur, leur indécision, il ne dit plus rien, passa outre, prenant en ceci, comme en tout, l’initiative des mesures de salut qu’imposait la nécessité.

La honteuse et périlleuse commission qu’il donna