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qu’il arrivât. À cette Assemblée, qui ne lui demandait plus de garder le ministère, Roland écrivit : « Je reste. »

Cette pièce, écrite par Madame Roland et de sa plus vive plume, était sur le ton courageux, mais trop ému de celui qui se décide par l’irritation du défi. Le débat de la Convention et ses intentions manifestes, disait Roland, ne permettaient pas d’hésiter… « Elle m’ouvre la carrière, je m’y lance avec fierté… Je reste parce qu’il y a des dangers… Je renonce au repos que j’ai pu mériter et qui serait doux à ma vieillesse ; j’achève le sacrifice, je me consacre tout entier et me dévoue jusqu’à la mort. »

Roland niait qu’on eût jamais voulu fuir, avouant qu’on avait seulement avisé « si, l’ennemi approchant, la sortie de l’Assemblée, du Trésor, du roi, du pouvoir exécutif, ne serait pas une mesure de salut. » Mais le pouvoir exécutif, le ministère, c’était Roland même ; cette sortie avait bien quelque rapport à la fuite.

Il décrivait ensuite, dans un langage admirable, l’aveugle violence du parti de la Terreur, faisait le portrait de son chef, « d’un individu supérieur, par sa force et ses talents, à cette horde insensée, qui la faisait servir à ses desseins ambitieux… Telle fut la marche des usurpateurs, de Sylla, de Rienzi… » Il n’ajoutait pas ce que chacun pouvait suppléer sans peine : la marche aussi de Danton.

Un petit mot, mais aigre, se remarquait vers la fin de la lettre : « Je me défie du civisme de qui-