député, se démettait du ministère et qu’on proposait de l’inviter à rester ministre. Danton lança un coup de dent. Il dit avec une jovialité violente et grossière qui n’avait que plus d’effet : « Personne ne rend plus justice que moi à Roland ; mais je vous dirai, si vous lui faites une invitation, faites-la donc aussi à Madame Roland ; car tout le monde sait que Roland n’était pas seul dans son ministère. Moi, j’étais seul dans le mien… (Murmures.) Puisqu’il s’agit de dire hautement sa pensée, je rappellerai, moi, qu’il fut un moment où la confiance fut tellement abattue qu’il n’y avait plus de ministres, et que Roland lui-même eut l’idée de sortir de Paris. »
Danton ne pouvait porter aux Girondins un coup plus sensible. Il avait, tout en riant ou faisant semblant de rire, mis la main sur le saint des saints, touché à Madame Roland ! C’était la singularité du parti d’avoir pour chef une femme ! Il était dur, mais habile, de le constater nettement.
À ce parti qui lui disait : « Vous êtes un homme de sang », — il répliquait : « Qu’êtes-vous ? Vous êtes une femme… et vous avez voulu fuir. »
Les Girondins, dans ce puritanisme honorable, jaloux de l’honneur de la France, n’étaient pas très conséquents. C’étaient eux qui, la même année, le 19 mars 1792, avaient obtenu de l’Assemblée législative l’amnistie de la terrible affaire d’Avignon, qu’on a justement appelée le 2 septembre du Midi. Leurs amis de Marseille, Barbaroux, Rebecqui, étaient