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L’incapacité de ce parti se révélait tous les jours par le singulier contraste de sa position dominante et de sa complète impuissance. Il avait la majorité au ministère et dans la Convention ; il venait d’en nommer le président, les secrétaires. Dans l’administration, il donnait toutes les places. Il dominait la presse, tenait la plupart des journaux. Il semblait avoir ainsi les deux armes les plus fortes, l’autorité, la publicité. Il avait tout et il n’avait rien. Il n’avait nulle prise sérieuse ; il avait la main sur le pouvoir et ne pouvait le serrer. Il devenait nul dans les clubs ; pourquoi ? Des clubs girondins auraient été insuffisants contre la conspiration ecclésiastique et royaliste qui éclatait dans l’Ouest et qui menaçait partout. Le même parti, toujours dissertant et délibérant, lié par la légalité, s’était trouvé inhabile à saisir le fil de la grande police politique. Danton le leur mit dans les mains, comme on va voir tout à l’heure, et, les trouvant incapables, fut obligé de le prendre, de s’entourer d’hommes quelconques et d’agir à part.

Ils n’avaient pas su prendre le pouvoir et ils ne pardonnaient pas à Danton de l’avoir et de le garder. Ils s’acharnèrent à lui, s’attaquèrent imprudemment à l’homme qui représentait éminemment le génie révolutionnaire, le génie de l’action, celui du salut public, essayèrent de le perdre. Cette entreprise difficile, impossible, était-elle désintéressée, inspirée d’un pur et irréprochable zèle de justice ? On pourrait en douter. Danton était leur vrai rival