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républicains, mais non tous les Cordeliers, non pas les plus influents ; Marat, Danton, dans leurs vagues et violentes paroles, ne prirent point nettement parti.

La Gironde, en la république, croyait défendre son œuvre contre la dictature et la royauté qui revenait par l’anarchie ;

Contre la royauté de Danton, de Paris et de sa Commune, de la populace ;

Contre la royauté de Robespierre et des sociétés jacobines, sociétés jusque-là bourgeoises, nous l’avons vu, mais qui alors s’élargissaient et ne repoussaient plus le peuple.

Les Girondins avaient eu jusque-là, pour les classes inférieures, pour la totalité du peuple, une confiance admirable. Bourgeois la plupart, mais avant tout philosophes, imbus de la philosophie généreuse du dix-huitième siècle, ils avaient d’abord appliqué d’une manière absolue, sans réserve, la pensée de l’égalité qu’ils portaient au cœur. On le vit, en 1790, d’une manière éclatante dans les villes où ils régnaient, à Bordeaux et à Marseille. On organisait partout la garde nationale, à l’instar de Paris, à la La Fayette ; on recommandait l’uniforme. Ces nobles cités, alors sous l’inspiration du futur parti girondin, déclarèrent cette distinction odieuse, propre à créer des rivalités, des haines ; point d’uniforme ; un ruban suffisait, un simple ruban tricolore pour se reconnaître, signe peu coûteux que les riches et les pauvres pouvaient porter également.