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argument allait loin. Il n’allait pas à moins, si l’on voulait, qu’à défaire ce qu’avait fait le 10 août, à rendre illusoire, au bout de trois jours, le décret du 21 septembre, l’abolition de la royauté.

Les Girondins se confirmèrent dans leurs soupçons sur la Montagne, dans l’idée que par l’anarchie elle allait à la tyrannie, que le seul Marat avait exprimé sincèrement la pensée de tous.

« Mais Marat même a-t-il tout dit ?… Rappelez-vous qu’au 21, lorsque l’Assemblée votait d’enthousiasme l’abolition de la royauté, un seul homme réclama, dit : « Qu’il serait d’un exemple effrayant de voir l’Assemblée décider dans un moment d’enthousiasme. Cet homme si prudent était un des plus violents Montagnards, Bazire, ami de Danton. »

On avait vu paraître, en pleine lumière, dans la grande bataille du 25, les trois hommes qu’on appelait les triumvirs de septembre. Mais on ne les confondait plus. Marat décidément semblait impossible. L’ancien charlatan de place, le vendeur d’orviétan avait si bien reparu dans son premier rôle, que le dégoût, la risée, avaient dominé l’horreur. Robespierre n’avait pas brillé ; ses flatteries aux tribunes, son principe « que jamais on ne peut flatter le peuple », avaient été froidement accueillis de ceux même auxquels il les adressait. On n’ignorait pas son ascendant sur les sociétés jacobines ; mais ces sociétés elles-mêmes, malgré l’avis de Robespierre et ses vaines prédictions, devenaient favorables à la guerre. Vaincu sur cette question éminemment nationale,