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première séance, se remettre entre ses mains, déposer le pouvoir, abjurer l’exagération ? Pour mieux rassurer, le 25, il demanda la mort pour tout homme qui voudrait un dictateur.

Cette séance fut une bataille rangée. La Gironde attaqua violemment, pêle-mêle, avec beaucoup de passion, peu d’habileté, trois hommes bien différents qu’on affectait de confondre. Danton, Robespierre, Marat. On les associait comme un triumvirat possible, tel que Marat l’avait demandé en septembre et tant de fois. La Gironde échoua dans cette attaque, surtout parce qu’elle y mêla Paris. On crut voir que, dans ces accusations violentes, elle avait surtout en vue d’emporter la grande mesure d’une garde départementale qui protégerait la Convention contre les mouvements de Paris.

Danton répondit de haut, avec beaucoup de grandeur, et en même temps son discours fut infiniment habile. Il désavoua Marat et le mit à part, rappelant leur altercation et la lettre menaçante que Marat lui avait écrite. Il replaça les choses sur le terrain du bon sens, traitant peu sérieusement le trop fameux Ami du peuple, l’assimilant à un pamphlétaire royaliste, ridicule par sa violence, disant que Marat était « le Royou de la République », et faisant entendre que ses persécutions, sa cave, avaient pu lui troubler l’esprit.

Son discours, en général, fut moins une apologie qu’une profession de foi où il posait les principes. On peut le résumer ainsi : Mort à la mauvaise unité !