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dédaigné, que le christianisme lui-même leur avait mis sous les pieds comme une créature gâtée, impuissante, obscurcie en sa raison par le péché originel, mineure à jamais sous le prêtre ; cet homme dont le prêtre en lois, le légiste, se fit ensuite tuteur, la Révolution proclama sa majorité.

Danton, avec son bon sens robuste, remit la question sur son vrai terrain. « Les gens de lois étaient comme les prêtres, dit-il, et, comme eux, trompaient le peuple. »

Il fut appuyé par un de ses adversaires mêmes, qui avoua : « Qu’on devait désirer qu’il y eût dans chaque tribunal un prud’homme qui ne connût pas les lois et qui imposât la simplicité du bon sens naturel à l’habitude des praticiens. »

Thuriot aurait voulu que, dans chaque tribunal, le président seul fût légiste, tous les membres des prud’hommes.

Le député Osselin dit cette remarquable parole : « On voulait aussi écarter l’établissement des juges de paix. L’événement a prouvé combien il était salutaire. Il en a été de même des juridictions consulaires. Éclairés par ces exemples, nous devons porter le dernier coup à la robinocratie. »

Danton avait élevé très haut la question, et il la retint sur le terrain de la sagesse pratique, reconnaissant le droit de la science et se gardant bien de le contester, déclarant qu’il ne voulait pas écarter les jurisconsultes, mais les procureurs, les artisans de chicane ; qu’il fallait que le peuple pût, au défaut