Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/345

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la banque, par la hausse des fonds, témoigna qu’elle jugeait que la situation s’était affermie par la franche déclaration de ce qui était un fait autant qu’un principe. La France, en effet, depuis plus d’un an, se gouvernait elle-même.

L’abolition expresse de la royauté avait cela d’heureux encore qu’elle ne frappait pas seulement le roi détrôné, mais le roi possible. Le duc d’Orléans était-il ce roi ? Nommé membre de la Convention, il y vint siéger à point pour voter avec les autres l’abolition de la royauté. Les intrigants néanmoins, Dumouriez et autres, ne se rebutèrent pas encore. Au défaut du père, ils montrèrent le fils, le firent valoir à Valmy, à Jemmapes, n’oublièrent rien pour le mettre en évidence.

Dans la seconde séance, où l’on décida que tous les corps administratifs, municipaux et judiciaires, seraient renouvelés, une discussion lumineuse eut lieu entre la Gironde et Danton, pour savoir si le juge devait être nécessairement, exclusivement choisi parmi les légistes. Les Girondins, tous avocats, se classèrent eux-mêmes ici ; ils prouvèrent que, malgré leurs dons brillants, le profond génie de la Révolution n’était point en eux.

Si la Révolution signifie quelque chose, c’est qu’en face du droit incontesté de la science et de la réflexion, l’instinct, l’inspiration naturelle, le bon sens du peuple, ont leurs droits aussi. Au savant, au prêtre, au légiste, la Révolution a opposé l’homme, l’a mis de niveau avec eux. Cet homme qu’ils avaient