contre la propriété, un bavardage imprudent (comme avait été celui d’un maratiste aux Jacobins, voir plus loin, page 464) pouvait créer en un moment des millions d’ennemis à la Révolution.
Tous voulaient la propriété et la voulaient sacrée, ceux même qui ne l’avaient pas encore. Ils comptaient l’avoir demain.
Telle était la pensée de la Révolution : Que tous fussent propriétaires, — facilement, en payant peu, — justement et solidement, en payant de leur travail et de leur épargne. La propriété qui nous vient gratis, comme en songe, s’en va comme en songe. Donc, la Révolution ne donnait pas, elle vendait. Elle demandait à l’homme de prouver par l’effort, par l’activité, qu’il était homme et digne de la propriété. Acquise ainsi, la propriété est sacrée, durable comme la volonté et le travail dont elle est un fruit légitime.
La Constituante et la Législative avaient commencé la Liberté. Mais la Liberté n’est sûre qu’autant qu’elle a son abri naturel, la Propriété. Telle devait être (telle eût été, sans nos affreuses discordes) l’œuvre de la Convention : fonder la Propriété pour tous, fonder le foyer du pauvre, son foyer solide, le nid pour la famille.
Les deux propositions de Danton avaient une grande portée. Elles mesuraient d’avance la carrière que devait parcourir la Révolution. C’était elle-même qui, dans l’ébranlement terrible où se trouvaient toutes choses, posait son principe, mar-