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Le président choisi par l’Assemblée fut Pétion. Les secrétaires furent deux constituants, Camus et Rabaut-Saint-Étienne, les Girondins Brissot, Vergniaud, Lasource, et Condorcet, ami de la Gironde.

Pas un homme de la gauche. L’Assemblée avait tout pris à droite. Ces choix avaient été dictés visiblement par l’horreur de septembre, l’aversion pour tous ceux qui toléraient les hommes de septembre. Ce sentiment, honorable sans doute, eût dû pourtant (dans la crise suprême où se trouvait la France, lorsqu’on n’avait pas même encore la nouvelle de Valmy), eût dû être subordonné à l’intérêt plus grave encore du salut national. Le salut était-il possible sans l’énergique légion de la Montagne (de cent représentants) ? L’était-il sans l’appui des deux chefs de la Montagne, Robespierre et Danton ? Robespierre, la grande autorité morale des innombrables sociétés jacobines ; Danton, la grande force, le génie politique, qui tenait à la fois, dans ses habiles mains, les fils de la diplomatie et ceux de la police, négociant d’une part la retraite des Prussiens, de l’autre saisissant les complots royalistes du Midi et de la Bretagne.

La grande masse de la Convention ne voyait point ceci. Elle était dominée, et par le souvenir du funèbre événement, et par l’estime qu’inspirait la Gironde, et par sa jalousie contre Paris et la députation de Paris, et par l’aversion, le frissonnement nerveux que la Montagne lui donnait. Par un mouvement instinctif et sans se rendre compte, le centre