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en plusieurs républiques fédérées, pour que la guerre civile oblige de rétablir la royauté. »

Erreur des deux côtés, erreur, injustice profonde. Si les Montagnards ne voulaient point d’obstacle à l’élan révolutionnaire qui seul pouvait sauver la France, ils n’étaient pas pour cela anarchistes ; ils voulaient un gouvernement fort, une république vigoureuse et des lois obéies. Les Girondins, non plus, qui plus tard cherchèrent un point d’appui dans leurs départements pour défendre le droit de leurs commettants, celui de la Convention, violé en leurs personnes, n’y songeaient nullement alors. Ni alors ni plus tard, aucun d’eux ne fut assez fou pour songer à démembrer la France. Les uns, les autres, étaient d’excellents citoyens, qui seraient morts cent fois pour l’unité de la patrie.

Voilà donc l’Assemblée qui va tout à l’heure s’entasser dans la petite salle des Tuileries qui avait été celle du théâtre. Ce petit théâtre de cour va contenir un monde, le monde des orages infernaux, le Pandémonium de la Convention.

Et plus l’arène est resserrée, plus les combats seront furieux, implacablement acharnés. Tous, dès le premier jour, dès le premier coup d’œil, souffrirent de se voir si près. Le petit intervalle qui séparait ces ennemis mortels ne permettait à nulle parole, à nul regard hostile de s’amortir en route. Les uns, les autres, dans leurs vives attaques, se foudroyaient à bout portant. Même aux moments de trêve, l’air malsain de la haine régnait dans cette