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ciles, n’en courut pas moins dans la Convention, et confirma beaucoup de ses membres dans l’idée que Paris prétendait à la royauté et voulait être roi de France.

Et cette idée, fausse, injuste, irritante pour les Parisiens, fit accueillir de ceux-ci une accusation non moins injuste contre la Gironde et le côté droit, à savoir qu’ils voulaient réduire la République à une simple fédération analogue à celle des États-Unis, la diviser en républiques de Marseille, de Bordeaux, du Calvados, etc., détruire notre belle centralisation à peine établie, briser l’unité de la France, ce qui revenait à l’anéantir.

Il y eut des deux côtés la même crédulité. Les vingt députés de Paris qui gouvernaient la Montagne, les vingt ou vingt-cinq Girondins qui menaient la droite, crurent ces choses et les firent croire à tous. Ils s’emparèrent violemment de l’arène dès le premier jour, entraînèrent la Convention, la consumèrent, l’usèrent dans ce fatal débat. Tant de harangues, tant d’efforts, tant de jours terribles et de sombres nuits, cette lutte effroyable qui enveloppa la France tout entière, tout revient à une courte formule, un simple dialogue :

La Gironde à la Montagne, à la députation de Paris, à Danton et Robespierre : « Vous voulez la désorganisation sociale, pour que l’excès du désordre fasse désirer la dictature. »

La Montagne à la Gironde, à Brissot, Vergniaud, Roland : « Vous voulez le démembrement de la France