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et digne d’eux. S’ils ont été fermes à mourir, soyons ferme à les raconter.

Répétons-le, les deux accusations furent fausses également :

Les Girondins n’étaient point royalistes. Fondateurs de la République, ils l’avaient dans le cœur. C’était leur foi, leur espoir et leur dieu. Elle ne leur a pas manqué, la république, dans leur suprême épreuve ; elle les a soutenus au dernier jour, et elle fut avec eux sur la fatale charrette, entre la Conciergerie et la place de la Révolution. Et leur dernière pensée, sous le couteau, fut non pas pour eux, mais pour elle.

Les Montagnards n’avaient pas fait septembre. Sauf Marat et deux ou trois autres, nul homme du côté gauche n’y eut part.

Ce côté, où siégeaient tous les plus violents patriotes, n’en contint pas moins les meilleurs amis de l’humanité. Les Carnot, les Cambon, les Merlin (de Thionville), les Prieur et tant d’autres ne furent point des hommes de sang. La grande majorité du côté gauche désapprouva septembre, mais jugea que la punition en était dangereuse, impossible. Ceux qui, comme Danton, savaient sur quel volcan de conspirations la France était assise, sans parler de l’invasion, jugèrent qu’elle avait besoin d’elle-même tout entière, qu’elle ne pouvait s’épurer, se juger, se punir, en un tel moment, sans se perdre ; opinion d’autant plus raisonnable que, par une déplorable erreur, les provinces accusaient Paris tout entier :