duire le grand dans le petit ? Ce dernier ne le contiendrait pas ; il éclaterait, disloqué et brisé. — Donc je serais injuste ; donc je ne dirais pas ce qu’il faudrait savoir ; nos adversaires pourront dire à leur aise que la Révolution fut un accident, un caprice, qu’elle fut la réparation de maux imaginaires, de souffrances qui n’existaient pas.
N’ayant pas expliqué comment, au Moyen-âge, l’asservissement de la terre asservit la personne, je ne pourrai faire comprendre comment l’affranchissement de la personne, à la Révolution, entraîna l’affranchissement de la terre. Car elle fut affranchie en 1789, elle aussi, qu’on le sache bien. Elle sortit alors des mains du seigneur, de celui qui se disait l’homme d’épée, le fils de la conquête, de celui qui voyait dans la terre une dépouille, une chose, pour user, abuser. Et elle passa dans les mains de l’homme de la terre, de celui qui ne sait rien de lui sinon qu’il est né d’elle, qu’il fut attaché toujours à la terre ; — et si bien attaché, en vérité, d’un tel attachement, qu’il l’aime mieux que sa famille, qu’il lui est marié (trois fois plus qu’à sa femme), et si vous en doutiez, en creusant cette terre, vous trouveriez au fond le cœur du paysan.
Ce mariage de la terre et de l’homme qui cultivait la terre fut le fait capital de la Révolution. Les histoires, journaux et mémoires n’en disent presque rien. Et ce fait était tout.
Danton le dit, mais faiblement encore : Antée avait touché la terre, et il y puisait des forces. — Toucher,