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brables, du moins dans les premières années de la Révolution), et la nation faisait la dot. Elle donnait des biens nationaux, souvent pour le produit de la première année ; une maison, on la payait rien qu’avec le plomb des gouttières ; un bois, on le payait avec la première coupe. Il tombait, ce vieux bois, et la clairière, ensemencée, sur l’heure, allait donner le blé à la couvée joyeuse née de la terre et du soleil de la Révolution.

Jamais grand mouvement ne fut accompli d’une âme plus paisible, avec moins de scrupule, dans une grande sécurité de conscience. Jamais la violence et la force ne se sentirent mieux appuyées du droit. La réclamation de la femme n’eut sur l’homme aucune influence. Il disputa peu avec elle. À toutes ses paroles il n’opposa guère que deux mots.

Mots vainqueurs, qui, pour lui, tranchaient la question.

Le premier lui servit pour les biens ecclésiastiques, biens de prélats, de chanoines et de moines. Ce mot fut : Fainéants !

Le second lui servit pour les rentes et droits dus aux seigneurs, plus tard pour les biens d’émigrés. Ce mot fut : Féodal !

« C’est du bien féodal », disait-il. Ce mot tout-puissant rassurait sa conscience.

Les biens mêmes d’Église lui semblaient, non sans cause, entachés de féodalité. Comment en juger autrement, quand on voyait, au palais de l’évêque, de l’abbé, comme aux châteaux laïques, le four