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aussi très peu de bonne entente ; on a vu les directions diverses de La Rouërie et de Botherel. Au contraire, les révolutionnaires bretons, tout au moins ceux du Finistère, trouvèrent un principe d’accord dans les belles lois d’août 1792 ; ces lois, favorables au paysan, le rallièrent à l’opinion des villes, à la Révolution. Elles eurent un effet immense et sauvèrent la France peut-être, en assurant à la Révolution la moitié de la Bretagne, la redoutable pointe qui fait l’arrière-garde de l’Ouest. L’autre Bretagne, l’Anjou, le Maine et la Vendée, dans tous leurs mouvements, sentirent qu’ayant Paris et la Révolution en face, ils avaient dans le dos Brest et le Finistère, qui étaient encore la Révolution.

La Vendée, quoi qu’on ait pu dire, était un fait artificiel (du moins en grande partie), un fait savamment préparé par un travail habile. Dans ce coin de terre, obscur, retiré et sans routes, le prêtre avait trouvé un admirable élément de résistance, un peuple naturellement opposé à toute influence centrale. Là, bien aidé des femmes, il avait pu longuement, à loisir, créer une œuvre d’art, étrange et singulière : une révolution contre la Révolution, une république contre la République.

Mais ce fait très artificiel se trouvait en opposition avec le grand fait naturel dont la France offrait le spectacle, fait nécessaire, amené légitimement du fond des siècles, qui venait, invincible, comme l’Océan vient à son heure, et, comme l’Océan, pouvait absorber tout.