prêtres qui menaient le roi, tirèrent de lui une lettre au directoire du Finistère, pour demander qu’on élargît les prêtres réfractaires emprisonnés à Brest. Le roi, à ce moment, croyait être très fort ; on lui persuadait que l’affront du 20 juin, son palais envahi, sa famille insultée, le bonnet rouge sur la tête royale, avaient provoqué en sa faveur une réaction immense de l’opinion publique, et qu’il en fallait profiter. Toutes les chaires, en effet, les confessionnaux, les conciliabules dévots, avaient tiré un parti incroyable de ce fait pathétique, tout propre à la légende ; le roi, dans la pensée des femmes et d’une grande partie des hommes des campagnes, avait reçu comme une consécration nouvelle d’un affront qui rappelait la Passion de Notre-Seigneur. Beaucoup pleuraient à cette image touchante de l’Ecce homo de la royauté.
La démarche du roi en faveur des prêtres de Brest était peu et beaucoup. On pouvait dire que ce n’était qu’un acte charitable, humain, qui ne compromettait nullement son auteur, qu’on ne pouvait lui reprocher. Et c’était, dans la circonstance (on le vit par l’événement), c’était, dans l’état terriblement combustible où la Bretagne se trouvait, un signal d’incendie, une étincelle sur la poudre. À Fouesnant, près de Quimper, un paysan qui était juge de paix, Allain Nedellec, agent du marquis de Cheffontaine, dont il régissait les possessions, se met, après la messe (9 juillet), à prêcher les paysans devant l’église ; cinq cents prennent les