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le procureur remontait aux seigneurs, aux nobles en général. Des quatre bœufs qu’il attelait à la charrue, le plus mauvais, celui sur qui il frappait le plus, il l’appelait nobliet, c’est-à-dire fainéant.

Toutefois, il faut remarquer que le paysan vendéen, généralement éleveur de bestiaux et réalisant ses ventes en argent qu’il ne savait pas trop où placer, le confiait souvent au noble et se trouvait intéressé dans la fortune de son maître. Avec quel désespoir il voyait ce maître émigrer, cette fortune atteinte par les lois de la Révolution, on le devine sans peine.

Le paysan, dans tout l’Ouest, tenait aussi au prêtre, et pour une raison bien naturelle. C’est que le prêtre, c’était le paysan même, son fils, son frère ou son cousin. Le bas clergé tout entier sortait des campagnes. Ce prêtre avait influence par la chose même qui faisait la passion du paysan ; il le tenait par la terre, je veux dire par la puissance que le prêtre et le sorcier ont de bénir ou de maudire, de jeter un bon ou mauvais sort sur la terre et sur les bestiaux.

La dîme néanmoins était un impôt si lourd, si odieux, spécialement par la surveillance vexatoire que le curé exerçait au temps de la moisson, qu’avant 1789 les procès étaient communs dans l’Ouest comme ailleurs, entre les curés et leurs paroissiens. La Révolution, en supprimant la dîme, les réconcilia ; elle supprima justement ce qui neutralisait l’influence du clergé, elle rendit au prêtre