Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/288

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Femme et prêtre, c’est là tout, la Vendée, la guerre civile.

Notez bien que, sans la femme, le prêtre n’aurait rien pu.

« Ah ! brigandes, disait un soir un commandant républicain, arrivant dans un village où les femmes seules restaient, lorsque cette guerre effroyable avait fait périr tant d’hommes, ce sont les femmes, disait-il, qui sont cause de nos malheurs ; sans les femmes, la République serait établie, et nous serions chez nous tranquilles… Allez, vous périrez toutes, nous vous fusillerons demain. Et après-demain, les brigands viendront eux-mêmes nous tuer. » (Mémoires de Mme de Sapinaud.)

Il ne tua pas les femmes. Mais il avait dit, en réalité, le vrai mot de la guerre civile. Il le savait mieux que tout autre. Cet officier républicain était un prêtre qui avait jeté la soutane ; il savait parfaitement que toute l’œuvre des ténèbres s’était accomplie par l’intime et profonde entente de la femme et du prêtre.

La femme, c’est la maison ; mais c’est tout autant l’église et le confessionnal. Cette sombre armoire de chêne, où la femme, à genoux, parmi les larmes et les prières, reçoit, renvoie, plus ardente, l’étincelle fanatique, est le vrai foyer de la guerre civile.

La femme, qu’est-ce encore ? Le lit, l’influence toute-puissante des habitudes conjugales, la force invincible des soupirs et des pleurs sur l’oreiller… Le mari dort, fatigué. Mais elle, elle ne dort pas.