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assez vite, laissant une bonne partie de son matériel. Une femme, l’archiduchesse Christine, sœur de la reine de France, était venue voir, des batteries, cette guerre aux femmes et aux enfants. La dame partit peu satisfaite. Mais trois armées françaises menaçaient. Celle de Lille, d’abord ; je ne sais combien de bataillons de volontaires s’étaient jetés dans la place. Puis une autre, que La Bourdonnais amenait, un peu tard, il est vrai. Dumouriez enfin, libre des Prussiens, ne pouvait manquer d’arriver.

Grande était la gloire de la France, après cette résistance héroïque, cette fuite misérable de deux armées ennemies. Non contente de repousser les Prussiens et les Autrichiens, elle avait pénétré au cœur de l’Allemagne, mis la main sur le Rhin, saisi l’aigle impériale. Le jour même où finissait le bombardement de Lille, les drapeaux allemands, l’aigle captive, envoyée du Rhin par Custine, comparurent à la barre, et ils furent appendus aux voûtes de la Convention

Mais combien ces trophées de la guerre et de la victoire étaient moins glorieux encore que les députations des peuples qui demandaient d’être Français ! La France était deux fois victorieuse ; elle avait pour vaincre bien plus que la force : l’amour. Une main lui suffisait pour briser l’épée des tyrans ; de l’autre, elle embrassait les peuples délivrés et les serrait contre son sein.

Quelle était sa pensée ? Les protéger et non les conquérir. Elle n’avait à ce premier moment nulle