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deux cents canons ; les Français en avaient quatre. Il avait de vieilles troupes. Nous, nous n’avions guère que des gardes nationaux. Le général Anselme reçoit ordre d’entrer ; c’était, ce semble, ordonner l’impossible : l’impossible se fait, sans coup férir. Une flotte française fait mine d’aller prendre les Piémontais par derrière ; Anselme ordonne des logements pour quarante mille hommes (il n’en avait pas douze). Cela suffit ; la grosse armée recule, Nice se livre. Les forteresses ont hâte de s’ouvrir. Anselme s’en va tout seul avec quatorze dragons, somme Villefranche, la menace et la prend ; il y trouve cent pièces de canon, cinq mille fusils, des munitions immenses, deux vaisseaux armés dans le port.

La Savoie coûta moins encore ; il n’y fallut ni ruse ni menace.

Elle dut sa délivrance à son violent amour pour la cocarde française. Les émigrés, nombreux à Chambéry, insolents, querelleurs, avaient arraché la cocarde tricolore à un négociant. Les Savoyards, par représailles, attachèrent la cocarde royaliste à la queue des chiens. Ce fut le commencement de leur révolution. Elle fut unanime, sans contradiction d’un seul homme. Le général français Montesquiou arrivait avec précaution ; il avait envoyé, en entrant en Savoie, un corps pour tourner, avant tout, les redoutes qu’on lui opposait. Elles furent prises sans peine ; il n’y avait personne, les Piémontais étaient partis. Montesquiou, sans attendre