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fut suivi si lentement qu’il put et réunir ses troupes et faire venir de Rethel Beurnonville avec dix mille hommes. Cette retraite fut troublée deux fois par d’inexplicables paniques, où quinze cents hussards autrichiens, traînant après eux quelque artillerie volante, dissipèrent des corps six fois plus considérables. Le pis, c’est que deux mille hommes, courant trente ou quarante lieues, allaient publiant partout que l’armée était anéantie. Le bruit alla jusqu’à Paris, et l’on eut une vive alarme, jusqu’à ce que Dumouriez lui-même écrivît la chose, exactement comme elle était, à l’Assemblée nationale. L’Assemblée et les ministres, tous ici furent admirables. Malgré ce double accident, les ministres girondins, d’une part, et Danton, de l’autre, soutinrent unanimement Dumouriez. L’opinion resta énergique et ferme pour le général en retraite. Dumouriez tourné, l’armée poursuivie, s’arrêtèrent portés sur le cœur invincible de la France.

Il occupa, le 17 septembre, le camp de Sainte-Menehould, et devant lui les Prussiens vinrent occuper les collines opposées, ce qu’on appela le camp de la Lune. Ils étaient plus près de Paris, lui plus près de l’Allemagne. Lequel des deux tenait l’autre ? On pouvait controverser. « Nous l’isolons de Paris », disaient les Prussiens. En réalité, leur situation était très mauvaise. Leur lourde armée encombrée ne pouvait pas aisément poursuivre sa route, devant une armée leste, ardente, qui la serrait de près en queue. Elle ne pouvait pas se nourrir ; ses convois ne lui venaient