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dans ce moment sacré. Disons mieux, s’il y avait de violents dissentiments sur la question intérieure, sur la question de la défense, il n’y eut point de parti. Le peuple fut admirable, et nos chefs furent admirables.

Remercions à la fois la Gironde, les Jacobins et Danton.

Le salut de la France tint certainement à un acte très beau d’accord, d’unanimité, de sacrifice mutuel, que firent à ce moment ces ennemis acharnés. Tous, ils s’accordèrent pour confier la défense nationale à un homme que la plupart d’entre eux haïssaient et détestaient.

Les Girondins haïssaient Dumouriez, et non sans cause. Eux, ils l’avaient fait arriver au ministère ; lui, il les en avait chassés avec autant de duplicité que d’ingratitude. Ils l’allèrent chercher à l’armée du Nord, dans la petite position où il était tombé, et le nommèrent général en chef.

Les Jacobins n’aimaient nullement Dumouriez ; ils voyaient bien son double jeu. Ils jugèrent néanmoins que cet homme voudrait, avant tout, la gloire, qu’il voudrait vaincre. Ce fut l’avis d’un jeune homme très influent parmi eux, Couthon, ami de Robespierre ; ils approuvèrent et soutinrent sa nomination au poste de général en chef.

Danton fit plus. Il dirigea Dumouriez. Il lui envoya successivement sa pensée, Fabre d’Églantine, son bras, Westermann, l’un des combattants du 10 août. Il l’enveloppa, ce spirituel intrigant de l’Ancien-