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Le sacrifice fut, dans ces jours, véritablement universel, immense et sans bornes. Plusieurs centaines de mille donnèrent leur corps et leur vie, d’autres leur fortune, tous leurs cœurs, d’un même élan…

Dans les colonnes interminables de ces dons infinis d’un peuple, relevons telle ligne, au hasard.

De pauvres femmes de la Halle apportent quatre mille francs, le produit apparemment de quelques grossiers joyaux, leur anneau de mariage ?…

Plusieurs femmes des départements, spécialement du Jura, avaient dit que, tous les hommes partant, elles pourraient monter la garde. C’est aussi ce qu’offrit, dans l’Assemblée nationale, une mercière de la rue Saint-Martin, qui vint avec son enfant. La mère donne sa croix d’or, un cœur en or et son dé d’argent. L’enfant, une petite fille, donne ce qu’elle a, une petite timbale d’argent et une pièce de quinze sols. Ce dé, l’instrument du travail pour la pauvre veuve, la petite pièce qui fait toute la fortune de l’enfant ! Ah ! trésor !… Et comment la France, avec cela, n’aurait-elle pas vaincu ?… Dieu te le rende au ciel, enfant ! C’est avec ton dé de travail et ta petite pièce d’argent que la France va lever des armées, gagner des batailles, briser les rois à Jemmapes… Trésor sans fond… On puisera, et il en restera toujours. Et plus il viendra d’ennemis, plus on trouvera encore… Il y en aura, au bout de deux ans, pour solder nos douze armées.


Nul parti, il faut le dire, ne fut indigne de la France