acte, savoir la pensée des morts mêmes, l’historien répondra, sans hésiter, au nom de nos pères dont on ouvrit les tombeaux, qu’ils les auraient donnés pour sauver leurs petits-fils. — Ah ! si les meilleurs de ces morts avaient été interrogés, si l’on avait pu savoir là-dessus l’avis d’un Vauban, d’un Colbert, d’un Catinat, d’un chancelier L’Hospital, de tous ces grands citoyens, si l’on eût consulté l’oracle de celle qui mérite un tombeau ? non, un autel, la Pucelle d’Orléans… toute cette vieille France héroïque aurait répondu : « N’hésitez pas, ouvrez, fouillez, prenez nos cercueils, ce n’est pas assez, nos ossements. Tout ce qui reste de nous, portez-le, sans hésiter, au-devant de l’ennemi. »
Un sentiment tout semblable fit vibrer la France en ce qu’elle eut de plus profond, quand un cercueil, en effet, la traversa, rapporté de la frontière, celui de l’immortel Beaurepaire, qui, non pas par des paroles, mais d’un acte et d’un seul coup, lui dit ce qu’elle devait faire en sa grande circonstance.
Beaurepaire, ancien officier des carabiniers, avait formé, commandé, depuis 1789, l’intrépide bataillon des volontaires de Maine-et-Loire. Au moment de l’invasion, ces braves eurent peur de n’arriver pas assez vite. Ils ne s’amusèrent pas à parler en route, traversèrent toute la France au pas de charge et se jetèrent dans Verdun. Ils avaient un pressentiment qu’au milieu des trahisons dont ils étaient environnés, ils devaient périr. Ils chargèrent un député patriote de faire leurs adieux à leurs familles, de les