Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE VIII

BATAILLE DE VALMY (20 SEPTEMBRE 1792).


Élan de la guerre. — Mort héroïque de Beaurepaire, 1er septembre. — Offrandes patriotiques. — Admirable accord des partis. — Dumouriez soutenu des Girondins, des Jacobins, de Danton. — Dévouement unanime de tous. — Immoralité profonde des puissances envahissantes. — Doute et incertitude des Allemands. — Goethe et Faust. — Indécision du duc de Brunswick. — Les Prussiens parlent de restaurer le clergé et de faire rendre les biens nationaux. — Pureté héroïque de notre armée ; comment elle reçoit les septembriseurs. — Dumouriez se laisse tourner. — Unanimité pour le soutenir. — État formidable des campagnes de l’Est. — Dumouriez et Kellermann à Valmy, 20 septembre. — Fermeté de la jeune armée sous le feu. — Les Prussiens avancent deux fois et se retirent.


Le grand orateur avait été, en ce moment sublime, le pontife de la Révolution. Il avait trouvé, donné la formule religieuse du dévouement héroïque. Ainsi, dans les vieilles batailles de Rome, quand la victoire balançait, quand les légions chancelaient, le pontife, en blancs habits, s’avançait au front de l’armée et prononçait les paroles du rite sacré ; un homme se présentait. Décius ou Curtius, qui répétait mot pour mot et se donnait pour le peuple. Ici, Vergniaud fut le pontife ; mais ce ne fut pas un homme qui répéta la formule, ce fut tout le peuple même. La France fut Décius.