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enchérir, Sergent l’eut au prix d’estimation. Le paya-t-il ? C’est là que commence la dispute. Sergent, dans ses Notes, dit oui, l’enquête conservée à la Préfecture de police semblerait dire non. On serait tenté de croire que l’artiste nécessiteux qui recevait une indemnité légère pour son traitement de roi de France (un membre de ce comité souverain n’était guère moins en vérité) agit ici royalement, se réserva de payer à son loisir et provisoirement s’adjugea l’objet qui avait fixé son caprice. Nul doute qu’il n’eût pu prendre des choses bien plus précieuses. Quoi qu’il en soit, Sergent, dans sa longue vie, très honnête, a traîné ceci misérablement, en parlant sans cesse, en écrivant sans cesse, se tenant au plus grand passage des étrangers de l’Europe, les arrêtant pour ainsi dire, les forçant d’entendre son apologie. Jusqu’à la mort, il fut comme poursuivi par ce funèbre bijou, qui semble l’avoir tenté perfidement pour marquer chacun de ses jours du souvenir de septembre.

Chacun, en réalité, à ce moment, agissait en roi. Des caves ayant été découvertes sous les décombres du Carrousel, avec des tonneaux d’huile et de vin, les passants, comme peuple souverain, héritiers naturels du roi, décidèrent que l’huile et le vin leur appartenaient. Ils burent le vin et vendirent l’huile, et cela naïvement, en plein jour, sans embarras ni scrupule.

Ce n’est pas tout. On se rappelle qu’un membre de la Commune avait, au mois d’août, cru devoir