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été au château. Aux jours de septembre, il était chez lui à la campagne près Nemours ; le 4, comme il revenait de la promenade avec sa femme, il fut arrêté par le maire de l’endroit, assisté d’une trentaine de gardes nationaux

L’illustre légiste dit à ce maire de village que son autorisation d’un comité de police de Paris ne valait rien hors de Paris. Mais la population fort agitée, les menaces des volontaires qui se trouvaient là, obligèrent le maire de le conduire aux prisons de Melun. S’il eût été mené de là à Paris, il périssait certainement ; on y tua encore le 5 et même le 6. Danton, heureusement averti à temps, ordonna à la municipalité de Melun de le garder en prison, quelque ordre qu’elle reçut d’ailleurs. De surcroît, et dans la crainte que son message n’arrivât et n’eût point d’effet, il donnait ordre aux autorités de chaque localité, sur la route, d’arrêter cet important prisonnier, à quelque point du voyage qu’il fût parvenu.

Cependant les zélés de Melun ne perdaient pas de temps. Ils laissèrent croire à Duport qu’ils allaient réclamer auprès de l’Assemblée nationale contre l’illégalité de son arrestation, et en réalité ils allèrent demander au comité de surveillance un nouvel ordre pour le tirer de la prison de Melun et l’amener à Paris. Cet ordre arrive à Melun, et voilà la municipalité de cette ville entre le comité de surveillance qui ordonne de livrer et le ministre de la justice qui ordonne de garder. Dans le doute, elle