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à la chose, avec ce titre nouveau : commissaires des administrateurs du salut public. L’un des moyens de salut que ces commissaires proposaient à Meaux, c’était de fondre un canon de la dimension précise de la tête de Louis XVI, afin qu’au premier pas qu’oseraient faire les Prussiens, on leur envoyât ladite tête au lieu de boulet.

La circulaire où Marat recommandait le massacre, au nom de la Commune, et qu’il avait fait passer sous le couvert du ministère de la justice (grâce à la lâcheté de Danton), cette circulaire faisait son chemin de département en département. L’exemple de Paris, toujours si puissant, l’autorité respectée de la glorieuse Commune, faisaient grande impression. Dans chaque ville, il y avait toujours une poignée de hurleurs, d’aboyeurs, de violents (ou qui faisaient semblant de l’être), un bon nombre aussi d’imitateurs imbéciles, qui s’assemblaient sur la place et disaient : « Et nous donc, est-ce que nous ne ferons pas aussi quelque chose de hardi ?… » La faiblesse des journaux parisiens, qui n’osaient blâmer le massacre, ne contribuait pas peu à tromper les provinciaux. Que dire, quand on lit dans le pâle et froid Moniteur ces paroles honteuses : « Que le peuple avait formé la résolution la plus hardie et la plus terrible. » Et qui donc en France consent à paraître moins hardi ?

À Reims, à Meaux, à Lyon, on fit consciencieusement ce qu’on pouvait pour ne pas être trop au-dessous de Paris. On tua nombre de prisonniers,