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n’avoir plus qu’à se cacher ; ils s’excusaient à grand’ peine. À la section du Luxembourg, l’un d’eux, alléguant qu’il avait suivi l’autorité de Robespierre, on n’opina pas moins qu’il méritait d’être chassé de sa section. À la section des Postes, Cambon fut reçu comme un dieu sauveur. Les femmes et les enfants qui travaillaient aux tentes, aux équipements militaires, l’entourèrent, lui et ses collègues, dans un véritable délire. Tous, dans la section, hommes et femmes, voulaient se jeter dans ses bras, le serraient et l’embrassaient. Et quand il lut le décret qui annonçait que l’Assemblée allait faire sa clôture, mettre un terme à ses travaux, se dissoudre, les visages étaient inondés de larmes.

Toutes choses semblaient changées dès le soir du 4. Des officiers municipaux vinrent à l’Assemblée présenter l’abbé Sicard, sauvé de l’Abbaye (ils le faisaient entendre ainsi) par leur courageuse humanité. Un membre de la Commune, le même qui était venu à l’Assemblée avec Tallien dans la nuit du 2 au 3, et qui avait loué alors la belle justice populaire, vint le 5 avec un Anglais qu’il avait, dit-il, sauvé du massacre. Ce qui ne fut pas moins caractéristique, ce fut l’humanité subite, les sentiments généreux qu’afficha Santerre. Durement averti, le 4, par le ministre de l’intérieur, il s’excusa sur l’inertie de la garde nationale et dit que, si elle persistait, son corps servirait de bouclier aux victimes. — Cette inertie, en vérité, il ne pouvait guère l’accuser, n’ayant fait aucun appel, aucun effort, ordonné