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homme et qui mourut pauvre), a pu dire six mois après (22 avril 1793), sans crainte d’être démenti : « Le faubourg ne recèle que des hommes paisibles. La journée du 2 septembre n’a pas trouvé de complices chez nous. »

Ce qui n’est pas moins curieux, c’est le jugement que les hommes qu’on accusait d’y avoir trempé les mains ont porté sur l’événement :

« Événement désastreux », dit Marat, en octobre 1792 (no 12 de son journal).

« Journées sanglantes, dit Danton, sur lesquelles tout bon citoyen a gémi » (9 mars 1793).

« Douloureux souvenir », dit Tallien (dans son apologie, publiée deux mois après les massacres de septembre).

Oui désastreux, oui douloureux, dignes qu’on en gémisse à jamais !…

Toutefois ces regrets tardifs ne guérissaient pas l’incurable plaie faite à l’honneur, faite au sentiment de la France… La vitalité nationale, surtout à Paris, en semblait atteinte ; une sorte de paralysie, de mort, semblait rester dans les cœurs.


Il s’agissait de savoir d’où la vie recommencerait. On pouvait douter qu’elle revint de l’Assemblée législative. Vivait-elle ? On ne l’avait guère vu, dans ces effroyables jours. Énervée de longue date par ses tergiversations, elle était mourante, non, morte, achevée, — exterminée par la calomnie.

Elle semblait atteinte et convaincue de deux crimes